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La trace est indissociable de l’action humaine en ce que l’homme, conditionné par sa corporéité, s’inscrit à chaque instant dans un lieu défini et ses traces sont autant de repères territoriaux de
ses parcours de mobilité. Fort usuel, le terme trace appartient au langage courant comme « empreinte ou suite d’empreintes sur le sol marquant le passage d’un homme, d’un animal, d’un véhicule » (Larousse). Il apparaît également comme synonyme de vestige, dans ce que la trace nous apprend du passé. Néanmoins, cette simplicité apparente soulève plusieurs interrogations dans la littérature quant à la contextualisation de ce terme, questionnements renouvelés à l’ère du numérique où la trace joue un rôle croissant dans les environnements informatiques.


Une première appréhension épistémologique invite à la pluridisciplinarité : l’inventaire réalisé par A. Serres (2002) sur la trace - ou sur les traces pour bien en marquer les variétés possibles - fait notamment état de la pluralité de ses acceptions - la trace comme empreinte, comme indice, etc. -, de la présence de cette notion en littérature, linguistique, philosophie et de ses liens intrinsèques avec la mémoire et l’écriture. Nous prendrons le point de départ d’A. Mille (2013) lorsqu’il considère « qu’une trace est constituée à partir d’empreintes laissées volontairement ou non dans l’environnement à l’occasion d’un processus. La trace ainsi construite est inscrite (ou non) dans l’environnement utilisé comme support à la mémoire (en tant que processus) » (2013 : 7). La nature des empreintes est variable et c’est leur observation qui en construit la trace. La trace est donc un phénomène reconstitué, construit par le regard, qui ne peut se dérouler que dans une temporalité conjointe ou postérieure à l’inscription d’empreintes.


Le débat sur la trace a pris une nouvelle ampleur avec les recherches croissantes sur les environnements numériques, où « la digitalisation suggère que tout ce qui possède un corps peut être transformé en une structure de données, dans la mesure où l’alphabet binaire s’avère être l’atome d’un langage universel dans lequel ce qui nous est donné peut être inscrit […] » (Krämer, 2012 : 2). A. Serres souligne également ces enjeux : « cette question se pose aujourd’hui avec acuité, et de manière très concrète, avec les phénomènes de la numérisation des traces et des signes, et avec les outils de traitement de ces traces » (2002 : 15).

La notion de trace

La trace numérique dans les Environnements Informatiques pour l’Apprentissage Humain

Qu’est-ce qu’une trace numérique ?

La notion de trace numérique ajoute à la notion de trace présentée précédemment une contextualisation bien spécifique : l’environnement numérisé. De nombreuses définitions de cette notion ont été apportées durant la dernière décennie. Nous soulevons notamment celle de
Lund et Mille (2009) : « Il s’agit d’une suite temporellement située d’observés, qui relève soit d’une interaction entre humains, médiatisée et médiée de diverses façons par ordinateur soit d’une suite d’actions et réactions entre un humain et un ordinateur. Cette trace est éventuellement rejouable, auquel cas, elle devient dynamique. Elle est numérique puisqu’il s’agit d’enregistrements d’actions effectuées sur ordinateur ou d’une version numérisée de vidéo (montrant des humains en interaction ou montrant une capture d’écran lors de cette interaction) » (2009 : 4).

Les différents types de traces numériques

Il convient donc d’identifier les différents contextes interactionnels dans lesquels se construisent les traces numériques, ainsi que les formes qu’elles englobent.


Les contextes interactionnels dans lesquels entrent en jeu les traces numériques sont les suivants :

  • les interactions apprenant-enseignant et/ou apprenant-équipe d’accompagnement de la formation,

  • les interactions apprenant-apprenant (George, Leroux, 2002), interactions de l’apprenant vers lui-même, ou de l’apprenant vers un autre ou d’autres apprenant(s),

  • les interactions apprenant-environnement numérique.

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Selon le contexte interactionnel dans lequel s’intègrent les traces numériques, elles vont revêtir différentes formes, pouvant ainsi renvoyer à des informations personnelles ou à des données concernant l’activité elle-même :

  • Informations personnelles/concernant le profil de l’apprenant (données personnelles comme l’âge, le sexe, les préférences, etc.).

  • Données référentes à l’accès aux enseignements/au parcours de formation : pages visitées, choix effectués dans le cadre du parcours de formation proposé, dates et heures de connexion, temps de connexion, participation aux forums de discussion, résultats aux tests d’évaluation, dépôt de devoirs, etc.

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Toutes ces données peuvent être utilisées à des fins spécifiques.

L’utilisation des traces numériques pour l’accompagnement pédagogique des apprenants

L’utilisation des traces numériques peut varier selon les contextes de production (Peraya, Batier, Paquelin, Riza et Veira, 2009) :

  • informer les acteurs concernés (tuteurs, concepteurs, étudiants, administration) des historiques de connexions, des origines des postes clients (adresses IP, localisation), des moments de navigation et de consultation (date et heure) ;

  • évaluer les usages à travers le suivi de l’activité et la progression des étudiants ;

  • motiver et accompagner les étudiants en difficulté en détectant les problèmes qu’ils rencontrent durant leur apprentissage.

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Ces différentes actions relèvent de l’accompagnement pédagogique des apprenants. Cet accompagnement, quelles que soient les modalités de la formation, est primordial. Il va en partie permettre d’entretenir la motivation des apprenants et de les suivre dans leur processus d’apprentissage. Dans sa modélisation, J.M. De Ketele (2014) soutient que l’accompagnement des apprenants, quel que soit le type de situation, est une rencontre, où la personne-ressource va essayer de répondre aux besoins spécifiques de l’apprenant, ce qui implique tout un tissu d’échanges pour (1) exprimer ces besoins et (2) tenter d’y répondre.


L’utilisation des traces numériques est particulièrement pertinente dans le cadre de la formation à distance ou de la formation hybride.  éanmoins, notamment par le biais d’actions pédagogiques spécifiques telles que les classes inversées, l’utilisation de ces traces peut être tout aussi judicieuse dans le cadre de formations en présentiel.


Comme l’affirment Heraud, Marthy, France et Carron (2005), il faut recourir autant que possible à l’analyse des traces des apprenants dans le but de réguler leur activité d’apprentissage. Les informations fournies par leur analyse vont permettre de repérer des apprenants en difficulté, d’identifier des situations problème et d’optimiser leur accompagnement.

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Ce symposium souhaiterait donc répondre à la question suivante : comment opérationnaliser l’utilisation des données fournies par les traces numériques dans le cadre de dispositifs de formation ?

Déroulement du symposium

Le symposium sera composé de 4 communications qui feront l'objet de débats avec le public.

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Des notes seront prises autour de ces communications et ces débats. Une restitution est prévue le jeudi 5 avril 2018.

Responsables du symposium

Responsables :

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  • Nathalie Matheu, doctorante Laboratoire Praxiling UMR-CNRS 5267, Université Paul-Valéry, Montpellier

  • Elodie Broucke, doctorante Laboratoire Praxiling UMR-CNRS 5267, Université Paul-Valéry, Montpellier

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Modératrice :

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  • Chrysta Pélissier, IUT de Béziers, Praxiling UMR-CNRS 5267

Problématique

Organisation

Description du symposium

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